Le terme de Wu Wei, le non-agir, pourrait être traduit de façon plus exacte par l’idée de ne pas intervenir ou de ne pas s’opposer. Ceci n’est en aucune façon lié à l’idée d’attentisme ou d’inaction. Ce n’est pas non plus, comme peuvent le penser certains, une sorte de fatalité face aux évènements qui surviennent. Il s’agit plutôt de ne pas chercher à combattre ce qui ne peut être combattu, et au contraire d’essayer de s’harmoniser avec ce qui nous entoure, et d’en tirer le meilleur profit.
Comment cette notion purement Taoïste se traduit elle dans nos pratiques. Ceci mérite sans doute quelques réflexions.
Le Wu Wei dans le combat
Les récits consacrés aux anciens maitres, s’ils sont souvent teintés de légendes, mettent régulièrement en avant la notion de vaincre sans combattre. Cette idée peut sembler étrange. C’est pourtant bien l’idée de Wu Wei qui est mise en avant dans ces propos.
Simplifions ce principe et appliquons le à une situation d’affrontement :
Si vous êtes en présence d’un adversaire qui vous pousse, tirez le ou esquivez sa poussée. Plus son action sera forte et violente, et plus il s’en trouvera déséquilibré. Le même principe s’applique s’il vous tire. Profitez en alors pour le pousser.
Le principe du non-agir consiste donc à ne pas s’opposer mais à s’adapter et à tirer parti. Plus l’attaque adverse sera virulente, plus ce principe fonctionnera. Ce principe du non-agir conduit alors l’attaquant à devenir la victime de sa propre attaque.
Pour prendre exemple, je citerais un maitre d’Aïkido qui disait récemment à l’un de mes amis “L’essentiel dans l’affrontement, c’est de ne pas déranger l’adversaire”
Et dans notre rapport à l'autre ?
Ce principe de Wu Wei peut être également appliqué à notre relation aux autres.
Le sinogramme utilisé pour le mot Wushu (Art martial) évoque l’idée d’arrêter une hallebarde. Ceci peut être interprété au premier degré, en tant que capacité à pouvoir se défendre. Mais ceci peut également faire allusion au fait de maitriser sa propre violence.
De fait, beaucoup d’arts martiaux traditionnels sont bâtis sur une réelle philosophie de non-violence.
Avoir la capacité de se défendre de façon efficace n’impose en rien de blesser son adversaire alors que le maitriser suffit. Et de manière générale, il est toujours préférable d’éviter l’affrontement quand cela est possible. Citons ce proverbe Chinois qui nous dit ” Un ennemi vaincu restera un ennemi, un ennemi convaincu deviendra un ami “
Chercher à s’opposer à un évènement, plutôt que de chercher à le comprendre et à s’adapter, peut souvent conduire à une attitude agressive et à une réaction violente. L’idée de Wu Wei privilégie donc toujours les notions d’acceptation et d’assimilation plutôt que des dépenses d’énergie en essayant d’interférer et de contrer.
Wu Wei ou le non-agir dans la pratique du Taiji Quan
Ce concept est très important dans notre pratique du Taiji. C’est totalement évident dans les applications martiales, où les principes d’absorption et de déviation sont continuellement mis en œuvre. C’est vrai également dans chaque mouvement, où l’action musculaire doit être la plus discrète possible, afin de ne pas perturber la circulation de l’énergie et l’épanouissement de l’intention.
S’il est important “de ne pas déranger l’adversaire”, il est également important de ne pas nous déranger nous même. De ce fait, quand vous contemplez un Taiji fluide et harmonieux, soyez certains que le principe de Wu Wei est à l’œuvre.
Ces articles ne sont pas exhaustifs et n’ont pas la prétention de véhiculer des vérités absolues. Ils ont uniquement pour but de faire découvrir nos pratiques et de faire partager notre enthousiasme. N’hésitez donc pas à nous laisser un commentaire. Nous ne doutons pas que vous retours seront enrichissants et ne manquerons pas de nous encourager dans notre travail.